L ’avenir est au solide

La savonnette de nos grands-mères fait son grand retour! Loin d’être désuets, les produits de beauté solides pourraient bien éclipser les gels douche et shampoings liquides, le dentifrice en pâte ou même le parfum en spray. Plus qu’un simple effet de mode, une vraie tendance de fond.

Céline Coelho

Depuis quelques années déjà, l’industrie cosmétique vit une pleine mutation pour répondre aux attentes des consommatrices de plus en plus concernées par les questions environnementales. Exit les substances synthétiques issues de la pétrochimie et les perturbateurs endocriniens, place aux produits naturels, éthiques, sains, mais aussi écologiques et durables. En effet, alors que le zéro déchet est plus que jamais d’actualité, il devient difficile de valider des soins bons pour la peau, mais aux packagings polluants pour l’environnement.

Le bon compromis pour prendre soin de soi et de la planète? Le solide. Désormais, l’offre ne se cantonne plus au traditionnel cube de savon de Marseille ou au pain de karité pour faire sa toilette, mais se décline en shampoing, après-shampoing, déodorant, dentifrice, baume hydratant et parfum. La marque anglaise Lush apparaît comme une des pionnières du secteur avec son Shampoing solide inventé il y a plus de trente ans. Riche en ingrédients naturels frais, il représente l’équivalent de trois bouteilles de shampoing liquide de 250 g! Également figure d’avant-garde dans l’offre, la marque Lamazuna a ouvert la voie à une nouvelle génération de cosmétiques qui n’est plus aujourd’hui réservée aux magasins spécialisés.

Les géants de la beauté se sont emparés de la tendance et tentent de lui faire une place dans les rayons des grandes et moyennes surfaces de vente. On retrouve, par exemple, N.A.E., du groupe allemand Henkel – Fa, Diadermine –, avec une variété de pains lavants pour le corps, le visage et les cheveux, ou L’Oréal qui propose des shampoings en version solide dans la gamme Ultra-Doux de Garnier.

arguments en béton

Alors qu’un shampoing en flacon peut être composé jusqu’à 80 % d’eau, les soins solides n’en contiennent pas ou très peu. Ils sont plus concentrés et leur durée de vie s’avère plus longue que celle de leurs homologues liquides. Pour une utilisation normale, un galet de 65 g équivaut en moyenne à deux bouteilles de shampoing de 250 ml. En éliminant le plastique, en utilisant des emballages en papier, ou en carton recyclé et recyclable, le coût lié au transport est sensiblement réduit et l’empreinte carbone allégée. Sans oublier les économies pour le porte-monnaie. Côté composition, sont proposées généralement des formules plus vertes, avec un maximum d’ingrédients d’origine naturelle et biologique. D’ailleurs, les bactéries et microbes se développant en milieu aqueux, l’absence d’eau permet de se passer de conservateurs et de raccourcir la liste des ingrédients. Et plus elle est courte, mieux c’est!

nouvelle routine beauté

Il faut bien le reconnaître, passer au solide nécessite un temps d’adaptation et un soupçon d’organisation: s’habituer à un dentifrice qui mousse moins, penser à laisser sécher son shampoing entre chaque utilisation pour éviter qu’il ne macère dans l’eau, investir dans des contenants adaptés pour protéger ses soins de la poussière, etc. Si les marques ont un véritable défi à relever pour faciliter leur utilisation, leur conservation et séduire le grand public, les cosmétiques solides devraient, année après année, peser de plus en plus lourd sur le marché.

Le Choix de Brune